Nombre total de pages vues

mercredi 1 septembre 2010

NEW-YORK ET WASHINGTON - JUILLET 1962


COMMENT TOUT A COMMENCE …

En 1962, quand on a 15 ans, aller en Amérique (surtout sans les parents !) c’est THE voyage. L’Amérique d’alors, c’est celle de John F. Kennedy, d’Elvis Presley, du rock n’roll, de Marilyn Monroe, de West Side Story, des voitures-paquebots, des gratte-ciels, de l’exubérance. Tout est grand, tout est (forcément) beau. C’est le pays de la liberté … sauf pour les noirs, mais avant le départ, je n’en avais pas le moindre soupçon. J’avais juste conscience d’être privilégiée.

L’AMERICAN DREAM !

C’était le temps où le visa était accordé sans bourse délier, à titre définitif, à condition d’avoir du temps à y consacrer. Le candidat au voyage devait arriver dès l’ouverture de l’Ambassade, remplir un tas de formulaires et patienter jusqu’à l’appel de son nom. Il était reçu par le vice-consul en personne, pour une interview exclusive dont la question principale m’a marquée : « Êtes-vous communiste ? » ! A cet âge-là, mes opinions politiques ne penchant ni à droite, ni à gauche, je fus reçue à l’examen du premier coup !!!

Quand je repense à cet épisode, ça n’a guère changé. Sauf qu’on ne vous demande plus si vous êtes communiste, mais si vous êtes … terroriste ! Qui aurait la naïveté de s’en vanter, on peut se le demander.

Restait à se faire vacciner contre la variole et faire viser le bon document. Un petit carnet jaune d’or, format passeport, difficile à se procurer pour qui n’avait pas l’habitude de voyager ni été piqué dans un centre officiel.


LE DEPART

Le Bourget, mercredi 11 juillet. Un jour qui a tant marqué ma vie qu’il m’a longtemps servi de référence, comme une seconde naissance. Il y eut l’AVANT et puis, l’APRES juillet 62.

Nous étions un groupe de 118 passagers, collégiens et profs venus de toute la France, qui embarquions, à bord d’un vieux Super-Constellation d’une compagnie charter américaine : CAPITOL AIRWAYS. Même les caméras du Journal Télévisé tournaient pour immortaliser l’événement, chacun essayant d’émerger du flot des têtes pour « passer à la télé ». Nous fûmes invités dans les salons de l’aéroport pour un cocktail et un rappel de l’exploit de Charles Lindberg, 35 années plus tôt.


J’avais autant envie d’aller en Amérique que de voler. Depuis que je savais que j’allais faire partie du voyage, je passais mon temps à dessiner des avions, au détriment de certains cours. J’ai retrouvé celui-ci. Je m’imaginais son fuselage brillant, en une seule pièce avec des ailes raccordées au centre, aussi quelle fut ma déception - que dire de mon inquiétude ! - quand je constatais qu’il était en fait constitué de plusieurs plaques de métal rivetés !

Mais en 1962, on ne prenait pas l’avion comme maintenant. C’était sans doute le premier vol de tous, même parmi les adultes. Et chacun de partir à la découverte des quelques éléments de sécurité mis à notre disposition : ceintures, gilets de sauvetage, aidés par trois hôtesses, magnifiques poupées au sourire éblouissant.

Nous avons décollé en fin l’après-midi pour un saut de puce de quelques heures tout de même afin de refaire les pleins à Shannon, en Irlande, pour le grand saut.

Après le nouveau décollage de notre quadrimoteur vibrant de toutes ses tôles au moment du point fixe, une longue nuit nous attendait. Nous volions à 4.000 mètres, ce qui paraît dérisoire aujourd’hui à l’ère du réacteur. C’est sûr qu’à cette altitude les vents ne nous étaient pas favorables, surtout pour une traversée d’est en ouest.

Après une nuit sans sommeil, je sens l’appareil entamer sa descente. Dès qu’on peut apercevoir le sol, une surprise de taille nous attend. Le paysage n’est que forêts de sapins et plaques de neige. C’est ça New-York ? La déception est grande. La fatigue se fait sentir et notre anglais est très scolaire. Nous n’avons pas compris qu’on devait se poser à Gander (Terre-Neuve) pour une escale imprévue, cause météo.

Quelques heures plus tard, nous étions déjà devenus familiers des formalités de décollage. Dernière étape : New-York enfin. Je me souviens d’un petit-déjeuner très particulier fait de quelque chose de gris qui ressemblait à une saucisse, d’une purée brunâtre qui s’avéra être de la compote de pommes et d’une gauffre-éponge, le tout arrosé de jus de tomate et de café au lait. C’était ma première expérience avec le bon goût américain pour la gastronomie. A peine quelques heures plus tard, on nous sert un nouveau plateau avec viande hachée, petits pois énormes, très durs et d’un vert qui paraissait suspect tant il était vert.

Après un damier vert et jaune parsemé de fermes, défilent sous nos ailes les villes américaines au découpage géométrique. Tous ceux qui le peuvent ont le nez collé au hublot et ne se lassent pas d’exprimer leur joie, leur surprise. Cela dépasse l’imagination.

Quatorze heures (eh oui !) après notre décollage de Paris, nous foulions le sol américain, émerveillés par ce qui nous entourait.


Tout était sur-dimensionné … même la température : 92° ! Et c’était paraît-il un été doux cette année-là. Un choc pour qui ne savait pas que cela correspondait à 33° C, ce qui est déjà énorme à 10 heures le matin. Dès la montée dans le bus qui nous menait à notre hôtel, nous allions faire connaissance avec l’air conditionné. Ce qui allait très vite en déranger plus d’un.

C’est encore souvent le cas aux Etats-Unis ; si dehors il fait chaud, les établissements publics sont des glacières, parfois même des congélateurs !

L’autoroute à deux fois trois voies nous mène au tunnel à péage (25 cents en 1962) de 4,5 Km qui passe sous l’East River et bientôt nous apercevons nos premiers buildings. Les plus anciens sont faits de briques rouges, les plus récents de béton, de verre et d’acier. C’est une véritable découverte que ces gratte-ciels.

Nous sommes en ville quand soudain, déclenchement d’une crise d’hilarité dans tout le bus : la mode américaine ! En France, on n’avait encore jamais vu rien de tel et surtout pas en ville. Une fille en short, mais un short qui n’était pas si short que cela. Celle qui le portait, violet, long (bien en-dessous du genou) déambulait, les pieds dans des chaussettes noires, elles-mêmes dans des chaussures à talons hauts. Sur la tête elle arborait un incroyable chapeau à pompon vert. C’était déjà comme ça l’Amérique, il allait falloir s’y habituer ! Plus tard, on verrait des mères de famille, affublées de rouleaux-bigoudis, poussant bébé dans un landau, des filles en pantalon, accessoire qui, décliné au féminin, commençait à peine à faire une timide apparition chez nous. Et puis des obèses. Déjà. Un phénomène qu’on n’aurait pu voir qu’à la Foire du Trône. Mais tout ce beau monde s’exhibait sans complexe, sans que quiconque se retourne sur eux … sauf nous !

Un autre choc, les taxis new-yorkais. Outre les yellow cabs mondialement légendaires, une compagnie avait déniché pour les siens un vermillon qui hurle sur le capot au milieu du vallonnement épinard de ses deux ailes. Du haut de notre bus, une clameur s’élève : au milieu de cet amoncellement de chrome que sont les énormes voitures, on aperçoit une Dauphine toute grise, toute menue, comme perdue.

Je ne m’étendrai pas sur l’hôtel HENRY HUDSON où nous logions 58ème rue, qui s’il m’apparu somptueux et confortable, nous accueillit, plutôt nous entassa quatre par chambre. A ce sujet, les organisateurs américains avaient décidé qu’on regrouperait 4 personnes en suivant la liste dans l’ordre alphabétique … sans tenir compte du mélange filles/garçons, ados/adultes ! Alors que notre responsable ait plutôt pratiqué ce qu’il appelait « la ségrégation des sexes » en ce qui concerne les ados.


GOOD MORNING AMERICA !

Je n’ai que très peu de photos pour illustrer ce « reportage ». Les textes qui suivent sont tirés pour certains, d’un collectif écrit par l’ensemble des participants, remanié à ma sauce et selon mes souvenirs personnels - Un super exercice pour faire travailler sa mémoire que de faire revivre ces anciens voyages ! - Le séjour s’est déroulé sur plusieurs jours dont je ne connais plus bien l’ordre … c’est bien loin tout cela.

Le Club des Quatre

Les bagages à peine posés, les estomacs de nouveau remplis d’un breakfast aussi sympathique qu’inhabituel pour nous Français, les yeux plissés par la luminosité et le manque de sommeil, nous embarquons sur un bateau de la Circle Line pour une excursion autour de l’île de Manhattan.
Nous ne verrons pas le paquebot France qui n’accostera que dans quelques jours.



J’avais déjà une idée de la question bien avant de partir ...

Puis pour un déjeuner rapide, c’est l’ « Automat », une invention typiquement américaine de l’époque : cahotant, un tapis roulant défile, vite, trop vite pour qu’on ait le temps de faire un choix parmi tous ces mets inconnus, aussi faut-il avoir du réflexe et l’esprit de décision pour ne pas rater son coup ! Pas question d’hésiter sinon la viande froide/crudités convoitée se transforme en spaghettis bolognaise. Pour les boissons, c’est un petit sou à mettre dans la fente. Pas besoin de vous expliquer, depuis, ces machines infernales ont fait leur apparition chez nous.


LES NATIONS UNIES

Dans le hall, haut de toute la façade de l’immeuble de l’Assemblée Générale, un pendule de Foucaud inscrit son immobilité, tandis que la terre tourne autour de lui. La maquette du premier spoutnik (cadeau des Russes) lui fait pendant. Contre un mur, un Zeus noir et nu grelotte dans l’air climatisé. Dans une cour intérieure, la cloche de la paix, fondue avec les pièces de monnaie de 75 nations, repose sur une dalle offerte par Israël.

Je vous fais grâce de la description du rôle des Nations Unies que chacun peut connaître en consultant : http://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_des_Nations_unies
Sinon directement le site de l’ONU : http://www.un.org/fr/

Après la visite de différentes salles, nous passons par celle du Conseil Economique. Silence et interdiction de photographier, le Conseil est en séance. On peut suivre les débats à l’aide de casques dans lesquels on entend une langue familière, la nôtre, via la traduction simultanée.

Même si je fais moi-même de la traduction et de la post-synchronisation de films, je suis toujours admirative pour qui le fait « en direct ». C’est un travail sans filet dont je suis absolument incapable, du moins professionnellement.

Un détour par la Bibliothèque Hammarskjold et sa fontaine jaillissante, cadeau des enfants des écoles.

Tout au long de la visite, on remarquera : un authentique châle inca vieux de 3.000 ans, don du Pérou, une tapisserie en provenance de Belgique et figurant dans les tons jaunes et bleus les Nations Unies séparant deux pays en guerre, un immense tapis persan rouge orné de nombreuses et magnifiques fleurs, et bien d’autres choses …


ROCKEFELLER CENTER

On nous étiquette par groupe avec pour signe distinctif une couleur. Les Américains étaient déjà très organisés en matière de tourisme.

En 1801, ici ce n’était que jardins et pâturages. En 1920, un quartier de boîtes de nuit. En 1962 nous découvrions une ville dans la ville : 16 édifices de magasins, de bureaux et même une poste. Un journaliste nous interviewe, un photographe nous tire le portrait. Demain, on nous verra dans le « New York World Telegram ».
En matière de superficie, de quantité de locataires et d’employés, les chiffres à l’époque nous donnaient déjà le tournis.
Au risque d’un torticolis, nous sommes tous le nez en l’air. Sur une fresque au plafond : trois hommes. Le premier symbolise le passé avec son sablier vide, le second, un pied dans le présent, l’autre dans l’avenir, tourne le dos au passé. Quant au dernier symbolisant le futur avec son sablier plein, il regarde le présent pour en tirer les enseignements. Et ceci quel que soit l’endroit d’où l’on regarde.

Puis nous entrons dans la salle de la radio et de la télévision, 20 mètres de haut, des tentures qui pèsent chacune une tonne et demie, et les deux lustres les plus lourds du monde : 2 tonnes de cuivre et de cristal ! La salle de cinéma peut accueillir 6.200 spectateurs pour deux heures de films et une heure de variétés, de façon ininterrompue de 10 h à minuit. Dans le hall, pour nous faire patienter, nous verrons pour la première fois la télé en couleurs … quelle déception ! Les tons étaient ternes, trop pastels, et l’image pas très nette.

Cela a perduré encore longtemps aux Etats-Unis. Rien à voir avec notre procédé Secam, que nous avons attendu encore longtemps, mais qui en matière de rendu des couleurs fut inégalable. Cocorico !

Au cours du séjour, à titre individuel, je suis retournée au Radio City Music Hall. Je me souviens du titre du film ce jour-là : « That touch of Mink » avec Cary Grant et Doris Day, très glamour, puis un show avec des danseuses, les seins à l’air comme au Lido avec, clou du spectacle, la venue d’un éléphant sur scène ! Dans la salle, sur le dossier du fauteuil devant soi, un mini tableau de bord. En appuyant sur un bouton, une ampoule rouge venait remplacer la verte afin de signaler que le siège était désormais occupé. Ingénieux. Et pour être tranquilles, mes copines et moi avons allumé en rouge tous les sièges alentour !

La visite continue. L’ascenseur le plus rapide du monde (en 1962) nous conduit au 65ème étage, puis un autre jusqu’à la plate-forme d’observation au 70ème, pour une vue à couper le souffle.

Re-descente par le même moyen, et le repas du soir nous rassemble au sous-sol. C’est là qu’on découvre que « scallop » ne veut pas dire escalope, mais coquille saint-Jacques. Tant pis pour ceux qui pensaient manger du veau !

La soirée s’achèvera par New-York by night, ses limousines pour milliardaires en déplacement, ses quartiers somptueux, mais aussi comme partout la lèpre des quartiers pauvres. On traversera Greenwich Village et ses boîtes où l’on s’amuse, et China Town encore très animée à cette heure tardive.

Le lendemain matin, nous quittons la « Grosse Pomme » (qui ne porte ce surnom que depuis 1970) par l’autoroute. C’est un peu moins de 400 Km pour nous rendre à Washington. La vitesse est limitée à 80 Km, respectée par tous, aussi le trajet nous paraît interminable.

La largeur des autoroutes nous laisse sans voix.

Quiconque a l’âge de se le rappeler, en 1962 notre réseau autoroutier était extrêmement limité … et beaucoup plus étroit.

On emprunte le pont qui enjambe le fleuve Delaware, 2ème du monde après le Golden Gate Bridge à San Francisco. Notre Tancarville nous paraît soudain bien « petit » comparé à ce géant.

Nous ferons une pause dans une « cafeteria », un mot encore inconnu pour nous. Une joyeuse cohue s’y bouscule. De très jeunes filles soigneusement incoiffées, chaussures de tennis crasseuses, chaussettes blanches à mi-mollets (summun du « sexy » outre-altantique) accaparent les distributeurs automatiques : Bas nylon (3 teintes, 4 pointures), rouge à lèvres (6 teintes), chewing-gum, parfum, savonnettes, et même assurance-vie. Pour quelques dollars, vous pouvez continuer votre route, vos être chers seront à l’abri du besoin !

Etonnante Amérique …

Une fois restaurés, nous remontons dans notre bus. Après des kilomètres et des kilomètres de visages noirs aperçus sur le pas des portes de maisons hideuses des faubourgs de Washington, nous nous installons enfin à l’hôtel « MANGER ANNAPOLIS », très luxueux, lui. Le personnel est noir, indifférent à notre bonne humeur et nos sourires.

Cette fin d’après-midi, quartier libre pour tout le monde. On nous remet un plan sur lequel sont hachurés les quartiers (noirs) à ne pas fréquenter. Les jeunes d’un côté, les adultes de l’autre. Nous sommes surpris que les gens dans la rue nous accostent. En 1962, la France - plus pour très longtemps - jouissait encore d’une certaine aura sur le peuple américain. Les passants nous entendant parler Français nous arrêtaient pour tenter d’entamer le dialogue. C’était hilarant ce charabia qu’on utilisait pour se faire comprendre ! On ne pouvait pas non plus s’arrêter, regarder son plan sans qu’une personne vous propose son aide.

C’est encore souvent le cas.

Des adultes, eux, curieux, courageux ou peut-être inconscients, ont bravé l’interdit des autorités en se rendant dans les quartiers noirs.

La nuit déjà difficile à cause du décalage horaire pas encore totalement résorbé, fut interrompue sans cesse par le hurlement des sirènes des voitures de police qui passaient sous nos fenêtres.


WASHINGTON

Pour moi ce fut un nouveau choc. Si j’avais été comblée par New York, je trouvais la capitale très moche et très provinciale. Rien à voir avec l’Amérique que j’étais venue voir.

Ici, pas de gratte-ciels, les bâtiments ne devant pas excéder la hauteur du Washington Monument, cet obélisque (pas du tout égyptien) planté à l’extrémité du Mall. Avec ses 170 mètres de haut, il fut le plus haut monument du monde jusqu’à la construction de la Tour Eiffel.

Et puis, il pleuvait. Je voyais tout en gris … et noir. On était frappé de voir ici une telle densité de population de couleur et misérable.

Je n’y suis retournée qu’en 1995, avec d’autres yeux. J’avais mûri. Cette nouvelle fois, j’ai aimé le calme relatif de cette ville aux somptueux monuments, aux parcs fleuris et reposants loin de l’effervescence et du tumulte de New York. Mais ma fille alors âgée elle aussi de 15 ans, a eu la même réaction que moi 33 ans plus tôt.


LE MUSEE DE CIRE

La mise en scène et l’expression des modèles de ce musée, ne nous ont pas paru aussi réalistes que celles de notre Musée Grévin. On y retrace les grands moments qui firent l’histoire américaine. Du Mayflower à nos jours, en passant sans souci de la chronologie, par Nathan Hale, Henry Ford, Charles Lindbergh, Edison, Einstein, Sheapard, et d’autres.


LA MAISON BLANCHE

Par un dimanche pluvieux, profitant d’un temps libre, avec mes copines, nous avions décidé d’aller voir la Maison Blanche, pas prévue au programme. Caressant sans doute l’espoir d’y apercevoir Jackie et John, main dans la main fouler les pelouses de la résidence présidentielle.
A l’époque, j’ai dû penser : « bof », même si aujourd’hui, je dirais que c’est une superbe demeure. Ce qui m’a marqué le plus, c’est le nombre d’écureuils qui courrait sur ses jardins. Tous roux, alors que dans le parc de l’autre côté de Pennsylvania Avenue, ils étaient gris.

En fait, avec les références que j’ai acquises au fil de mes voyages US, il devait s’agir de deux espèces totalement différentes … et peut-être même pas d’écureuils !



LE CAPITOLE

J’ai tout de même été impressionnée. Il est tout simplement monstrueux, et splendide, même s'il lui manque ici la tête !



Je vous passerai sa description que vous pourrez retrouver sur :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Capitole_des_États-Unis_d'Amérique

Pratiquement tous les Capitoles des autres états américains sont construits sur le même modèle, dans ce style néo-classique. Celui de la Louisiane, issu de la mégalomanie de Huey Long, étant néanmoins l’une des exceptions, tout comme son ancien Capitole, une sorte de petit château fort du style néo-gothique.


LA SMITHSONIAN INSTITUTION

Son bâtiment de briques rouges donne à cette « Institution » un côté très British. Normal elle a été fondée par un Britannique, James Smithson, pour la promotion et la diffusion du savoir. Cette austérité abrite le musée de l’Aviation, des Arts, des Sciences et de l’Industrie. En partant du Bourget sur les traces de Lindbergh, on ne savait pas trouver ici le Spirit of St Louis, voisinant avec la capsule de Sheapard.

Pour déjeuner, un « Seafood Restaurant » nous réconciliera le temps d’un repas avec la cuisine américaine.


LINCOLN MEMORIAL

Nous visitons le Lincoln Memorial, le Président de marbre blanc, trônant gigantesque et magistral au centre d’un monument d’inspiration grecque, avant de franchir le fleuve Potomac par un pont qui nous conduit au cimetière des héros américains, Arlington en Virginie, tout près du Pentagone.



LE CIMETIERE D'ARLINGTON

L'instant est solennel.

Au sommet de l’U.S. Marine Corps War Memorial, flotte le drapeau américain, le seul qui reste hissé toute la nuit sur le territoire, nous a-t-on dit.

Autre moment émouvant, la relève de la garde sous la pluie devant la Tombe des Soldats Inconnus.




MOUNT VERNON

Nous embarquons pour une mini-croisière sur le fleuve Potomac qui lui est extra-large comme un bras de mer. Destination : Mount Vernon, Virginie, où se trouve l’ancienne demeure du Président George Washington. C’est également sa dernière demeure puisqu’il y est enterré aux côtés de son épouse, Martha. Impeccablement tenue, cette maison fait revivre en imagination, ses occupants dans leurs meubles d’origine.




RETOUR A NEW YORK

Dernière soirée libre ... avec interdiction absolue de se rendre à Harlem. Le lendemain matin, une matinée shopping sous un orageux déluge, à la recherche DU cadeau insolite qui pourrait à lui seul symboliser l’Amérique. Bien difficile à trouver, le marché de souvenirs étant inondé de produits « Made in Japan ». Je me souviens avoir acheté pour mon père un petit joueur de base-ball dont la tête, monté sur ressort, dodelinait à chaque cahot. Il fut fier de l’exhiber dans sa P60 flambant neuve ! J'en ai retrouvé la photo.

C'est trempées comme des soupes que nous constations que nos bagages, laissés à l'hôtel, avaient déjà été emportés à l'aéroport. Il ne nous restait plus que les sèche-mains électriques des toilettes de l'hôtel - encore une découverte - pour rendre nos vêtements un peu convenables à un vol de retour.


LE VOL DE RETOUR NEW YORK – PARIS

Ce voyage extraordinaire – et il l’était puisque réservé à des jeunes aux ressources très modestes et à des fonctionnaires – ne pouvait s’achever d’une façon banale. Le Dieu des Voyages allait y veiller qui, dans la nuit s’acharna sur l’un des moteurs de notre Super-Constellation. Tout les passagers semblaient dormir. Moi pas - je n’ai jamais pu dormir en avion, même pas allongée en classe Affaires - J’avais vue sur le turbo-propulseur en question dont le capot déchiré battait au vent relatif, son hélice « en drapeau ». J’ai regardé une hôtesse, un point d’interrogation dans les yeux. Elle ne paraissait pas inquiète, et a simplement posé un doigt sur ses lèvres comme pour dire : « shuuuut ! ». Curieux déjà, on avait fait une escale imprévue à Gander où on nous avait pesés individuellement. Après de longues heures à voler sur ses trois moteurs, l’appareil entama sa descente. On nous distribua des consignes de sécurité traduite à la hâte en Français … pour un amerrissage d’urgence ! En espérant tout de même pouvoir atteindre les côtes irlandaises enfin proches. Finalement, nous allions atterrir sans encombres, à Shannon, comme à l’aller.

Restaurés, abreuvés – très bon le vrai Irish Coffee, mais un peu fort pour des jeunes ! – nous allions devoir patienter longuement. Afin de faire effectuer l’importante réparation qui s’imposait à poursuite d’un voyage en toute sécurité, le commandant de bord devait en référer en haut lieu, lequel se trouvant être à San Francisco, 9 heures de décalage. Nous dûmes donc attendre 18 heures, heure irlandaise, qu’il soit 9 heures du matin en Californie, heure d’ouverture des bureaux et de la présence du correspondant de la Compagnie aérienne.
L’autorisation accordée, la réparation fût promptement menée et nous pûmes re-décoller, tard, très tard pour arriver en pleine nuit au Bourget, sans doute avec une dérogation.
Derrière les vitres, parents et amis agitaient les bras, très émus : depuis des heures et des heures, le haut-parleur qui essayait de les faire patienter et de les tranquilliser avait beaucoup perdu de son efficacité …

Quant à moi, c’était décidé : je serai hôtesse de l’air ! … au grand dam de mes parents.

En guise de conclusion, le responsable de notre groupe s’est beaucoup interrogé sur l’avenir de ce pays. Un pays où malgré la bonne volonté des Kennedy, sévissait encore durement la ségrégation raciale. Un pays qui détenait les moyens de production propres à abolir sa misère, mais les réservait aux seuls blancs.
Aujourd’hui, avec un Président noir à la Maison Blanche, on ne peut que constater une évolution certaine des mentalités, mais les richesses, comme partout, continueront à être mal réparties, que la population soit désormais noire ou blanche.


Pour ma fille qui, depuis sa naissance, voyage tant et plus avec ou sans nous, le contenu de ces lignes doit sembler totalement loufoque ! Elle a eu la chance de toujours connaître le monde, mais est-ce vraiment une chance ? Ne lui a-t-il pas manqué cette part de rêve que nous avions tous en 1962, en découvrant l’Amérique pour la première fois ?